La crise sanitaire et économique qui frappe actuellement la France bouleverse totalement nos habitudes et nos repères. Si les informations transmises par les médias permettent à une grande partie des individus de comprendre cette situation exceptionnelle et de trouver des réponses, les personnes en situation de handicap intellectuel n’ont pas accès à ces informations multiples et complexes.
Devant ce constat, les associations membres de l’Unapei ont produit de nombreux documents en Facile à Lire et à Comprendre (FALC) depuis le début de la crise. Une avancée vers l’accessibilité des informations…en attendant le lancement du projet Cap’FALC : un nouvel outil numérique développé grâce aux compétences de l’Inria, de Facebook Artificial Intelligence Research et de l’Unapei.
Cap’FALC vise à faire significativement progresser l’accès à l’information pour tous et à faciliter durablement la participation des personnes handicapées intellectuelles à la vie de la société.
L’accès à l’information : un enjeu sociétal majeur pour les personnes en situation de handicap intellectuel
En cette période de crise, tout individu a besoin de connaître les gestes pour se protéger, de comprendre ses droits, de s’informer sur la réalité de cette situation complexe. Et pour preuve : les chaines d’informations télévisées connaissent leur plus forte audience de la décennie. Mais cette information véhiculée par les grands médias nationaux reste très souvent inaccessible pour les personnes en situation de handicap intellectuel.
Une société réellement solidaire et inclusive doit permettre aux personnes en situation de handicap intellectuel d’être des citoyens comme les autres, et notamment, d’être informées. Tel est l’objectif de la méthode FALC, développée en 2009, par des associations européennes de personnes handicapées intellectuelles et leurs familles. Cette méthode permet de rendre accessible l’information à toutes les personnes qui ont des difficultés de compréhension. Elle repose sur l’expertise d’usage des personnes handicapées et implique que ces dernières soient au cœur de la production des écrits faciles à lire et à comprendre.
Aussi, depuis le début de la crise sanitaire les associations membres de l’Unapei produisent et éditent des documents en FALC : attestation de déplacement dérogatoire validées, informations sur le coronavirus, explications des gestes barrières. Et aujourd’hui, des éclaircissements sur le déconfinement et sur la réalisation des tests. Ces documents en FALC relayés sur le site https://unisetsolidaires.unapei.org/, par le Gouvernement et par certains médias ont permis à de nombreuses personnes en situation de handicap intellectuel de mieux appréhender la période du confinement. Le secrétariat d’Etat chargé des Personnes handicapées a également édité d’ores et déjà 2 fiches en FALC, accessibles sur www.handicap.gouv.fr, l’une portant sur les nouvelles règles associées au déconfinement et l’autre destinée à aider les personnes en situation de handicap à choisir entre resté confiné ou se déconfiner après le 11 mai.
Cap’FALC, un outil numérique au service d’une société inclusive
À ce jour, de nombreuses associations, dont 15 ESAT (Établissements et services d’aide par le travail) gérés par des associations du mouvement Unapei, ont développé une activité de transcription de textes en FALC par des travailleurs ou des bénévoles en situation de handicap. Ces associations transcrivent régulièrement des textes confiés par des entreprises et des administrations pour les rendre accessibles à tous.
Toutefois, le nombre d’écrits disponibles en FALC reste insuffisant ! Face à la nécessité absolue d’améliorer l’accès à l’information pour tous, il devient primordial de faciliter le travail des transcripteurs en FALC.
Cap’FALC a ainsi pour objectif de développer un outil numérique accessible répondant à ce besoin précis en facilitant la production de textes en FALC grâce à un algorithme d’aide à la transcription. Le projet de recherche servant au développement de l’outil fait l’objet d’une thèse encadrée par INRIA et Facebook AI Research. « Ce qui me plait particulièrement dans ce projet, dans le cadre duquel je travaille actuellement à développer l’algorithme qui sera utilisé par l’Unapei, c’est le fait de mettre la recherche de pointe en Intelligence Artificielle au service de l’inclusion » affirme Louis Martin, doctorant en charge de l’élaboration de l’outil. « C’est motivant de savoir exactement à quoi mes travaux de recherche vont servir et de pouvoir les faire évoluer en fonction des besoins des personnes qui en auront l’usage ».
Le projet Cap’FALC vise à réduire l’isolement et l’exclusion des personnes en situation de handicap intellectuel en améliorant l’accessibilité de l’information grâce à la généralisation du Facile à lire et à comprendre (FALC). Ce projet sera opérationnel en 2021.
« Le FALC est en quelque sorte un langage universel, qui parle à tous. Initialement construit pour permettre la compréhension de certains textes à des personnes en situation de handicap intellectuel, il se révèle un formidable moteur au service des personnes dyslexiques, malvoyantes mais aussi des personnes étrangères maîtrisant mal une langue, illettrées, des personnes âgées, des enfants du primaire. L’Europe s’est d’ailleurs engagée dans le FALC dès 2009 avec la mission de réduire la fracture sociale liée au langage. » souligne Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées.
Les personnes en situation de handicap intellectuel au cœur du projet Cap’FALC
Les personnes en situation de handicap intellectuel sont pleinement associées au projet, à tous les stades de son développement. Leur expérience de la transcription et leur expertise d’usage sont indispensables.
« L’Unapei et ses associations ont toujours été précurseurs sur l’accessibilité de l’information aux personnes handicapées intellectuelles. À l’heure où la demande augmente, Cap’FALC permettra de répondre à la demande tout en capitalisant sur l’expertise d’usage si incontournable des personnes handicapées dans la production des textes en FALC pour in fine une société plus accessible et plus inclusive », mentionne Luc Gateau, président de l’Unapei.
« C’est un projet très important pour les équipes de Facebook AI Research. Dans notre laboratoire de recherche fondamentale en intelligence artificielle, nous recherchons l’excellence dans nos travaux, mais surtout, nous souhaitons que ces avancées servent le bien commun et soient mises au service de tous. Nous sommes ravis d’être un partenaire fondateur de ce projet unique, et avons hâte d’en voir les premiers résultats. Cap’Falc aura un impact très concret sur le quotidien de milliers de personnes en France. » Antoine Bordes, Directeur de Facebook AI Research.
L’algorithme utilise les dernières avancées en intelligence artificielle et en traitement du language pour la tâche d’aide à la transcription en FALC. Ce travail de recherche, mené par Inria et Facebook AI Research, a déjà donné lieu à plusieurs publications scientifiques présentées lors de conférences internationales.
Cet algorithme fonctionnera de manière similaire à un correcteur orthographique, qui repère des passages dans un texte, propose des solutions mais ne corrige pas sans validation humaine. Ainsi, si l’outil développé représentera une aide précieuse pour les personnes handicapées chargées de la transcription des textes en FALC, il ne remplacera en aucun cas leur intervention à toutes les étapes de la rédaction ; c’est bien leur regard qui permet de valider un texte comme étant accessible et facile à lire et à comprendre.
Placé sous le parrainage du Secrétariat d’Etat chargé des Personnes handicapées, le projet Cap’FALC réunit l’Unapei, principal mouvement associatif français dans le secteur du handicap intellectuel et cognitif, l’Inria, Institut national de recherche dédié aux sciences du numérique, et FAIR, le laboratoire de recherche en intelligence artificielle de Facebook. Le projet est soutenu par Malakoff Humanis via le CCAH (Comité national coordination action handicap).
À propos de l’Unapei
Mouvement citoyen, l’Unapei œuvre, depuis 60 ans, pour que les personnes, quelle que soit la singularité de leur handicap, accèdent aux mêmes droits que tous. L’Unapei s’engage pour une société solidaire, inclusive et respectueuse des différences et du libre-choix des personnes handicapées. Son réseau de 550 associations membres innove sur tous les territoires et construit des solutions d’accompagnement évolutives et adaptées à chaque étape de la vie des personnes handicapées pour agir contre l’isolement et l’exclusion sociale. L’Unapei rassemble 900 000 personnes handicapées, familles, amis, professionnels, soignants et bénévoles et est la principale union d’associations pilotant des services et établissements dans le secteur du handicap en France : 3 000 établissements pilotés par 95 000 professionnels et 70 000 bénévoles. http://www.unapei.org/
À propos de Inria
Inria, l’Institut national de recherche dédié aux sciences du numérique, promeut l’excellence scientifique et le transfert pour avoir le plus grand impact. Il emploie 2400 personnes. Ses 200 équipes-projets agiles, en général communes avec des partenaires académiques, impliquent plus de 3000 scientifiques pour relever les défis des sciences informatiques et mathématiques, souvent à l’interface d’autres disciplines. Inria travaille avec de nombreuses entreprises et a accompagné la création de plus de 160 startups. L’institut s’efforce ainsi de répondre aux enjeux de la transformation numérique de la science, de la société et de l’économie.
À propos de Facebook Artificial IntelligenceI Research
Au sein de Facebook, Facebook AI Research (FAIR) est un véritable laboratoire de recherche dont la mission est de faire progresser l’état de l’art dans le domaine de l’intelligence artificielle grâce à une recherche ouverte et collaborative profitant à l’ensemble de la communauté scientifique. Inauguré en juin 2015, FAIR Paris est le centre européen de recherche en intelligence artificielle de Facebook et compte aujourd’hui 80 chercheurs, ingénieurs et doctorants, aux profils internationaux.
Les équipes de FAIR travaillent sur des projets de recherche à long terme dans les domaines de la compréhension du langage, la reconnaissance d’images et les nouvelles méthodes d’apprentissages en IA. Avec des équipes situées notamment dans les centres de Paris, New York, Menlo Park, et Montréal, FAIR compte aujourd’hui environ 350 chercheurs et ingénieurs à travers le monde.
À propos de Malakoff Humanis
Acteur majeur de la protection sociale, Malakoff Humanis est né en janvier 2019 du rapprochement des groupes Malakoff Médéric et Humanis. Avec plus de 7,5 Mds€ de fonds propres, 426 000 entreprises clientes en assurance et 10 millions d’assurée et d’ayants droit (assurés et ayants droit), Malakoff Humanis détient 17 % de parts de marché de l’assurance collective. En retraite complémentaire, le Groupe gère 37,8 Mds€ d’allocations versées, une mission d’intérêt général menée pour le compte de l’Agirc-Arrco auprès de 566 000 entreprises clientes en retraite complémentaire et plus de 15 millions de cotisants et d’allocataires. Paritaire, mutualiste et à but non lucratif, Malakoff Humanis met sa performance au service de l’utilité sociale et consacre chaque année plus de 160 millions d’euros à l’accompagnement des personnes en situation de fragilité sociale. https://www.malakoffhumanis.com/.
Malakoff Humanis est membre du CCAH, association reconnue d’utilité publique. Le Comité national Coordination Action Handicap (CCAH) réunit tous les groupes de protection sociale, des acteurs mutualistes, des entreprises et les associations nationales du handicap. Il rassemble leurs énergies, leurs connaissances et leurs ressources pour participer à l’amélioration de la vie des personnes en situation de handicap. www.ccah.fr.